Dimanche 26 juillet 2015 : 5 heures du matin, heu ça pique un peu beaucoup au réveil surtout un dimanche, mais pas le choix, Orlu se situant à plus d’1h30 de route il faut partir tôt. Quentin arrive à la maison un peu avant 6 heures et feu… Direction Orlu et sa dent pour faire un petit 14km, enfin petit il est annoncé avec 1600m de D+, je suis donc dans l’attente d’y laisser un quadri sur cette dent quand même.
Arrivé à Ax Les Thermes la chasse au panneau « Orlu » commence, on trouve assez facilement en fait, on se gare, on descend de la voiture et là… Choc thermique il fait 9 petits degrés dehors et au moment d’aller retirer les dossards la tenue short + Tee shirt est insuffisante. Dossard retiré, petit brief d’avant course, petit échauffement, dernier pipi de la peur et Go il est temps de se diriger vers la ligne.
Du départ nous apercevons le premier sommet à atteindre, bon ça fait pas trop peur mais certains annonces 700m de D+ pour 6km, faisable en le prenant tranquilou car, même si je suis là pour minimiser ma nullité dans les bosses avant le TDM, la montée à l’air assez linéaire et peu technique. Et Bim c’est parti !
D’entrée une petite bosse sur le bitume d’Orlu, un petit replat et Zou c’est parti pour la première ascension… En seulement 500 mètres de course le peloton est déjà très étiré et pourtant je n’ai pas la sensation que ça monte trop et puis la piste est large, les appuis corrects, Kent me sert en plus de poisson pilote bref tout va bien. Au bout de 1500m je dis à Kent d’y aller car je le sens bridé et de mon côté le cardio monte un peu et mes intestins dansent un peu la Zumba, il va falloir que je réduise l’allure.
Kent file vers d’autres horizons et j’entame une portion de 80 mètres à la marche, le cardio retombe et go je repars en trotting. La pente n’est certes pas douce (je dirai 9 à 10%) mais elle est régulière et pendant ces presque 6km de grimpette j’arrive à trotter 80% de la distance, les 20% restants me permettent de faire tomber le cardio sans trop perdre de terrain, seuls les intestins grimacent un peu mais c’est en train de passer. Un petit monotrace en léger dévers me cassera un peu les guiboles mais ça va le sommet approche.
Et au sommet il y a un petit ravito, je ne m’y arrête pas j’ai ce qu’il faut dans le camel. J’emprunte un petit monotrace, cool, ça descend, à mince, ça remonte derrière, mais non juste après ça redescend à nouveau. J’avais vu sur la coupe de la course qu’il y avait une petite descente en fait il y a un bon kilomètre, impec ça ! Je pose le cerveau là haut et feu, j’arrive au pied en ayant remonté une bonne 20aine de concurrents, parfait !
Un petit coup d’oeil au GPS, 7km en 58′, si je me fie au parcours annoncé, je suis à la mi-course, je m’étais fixé 2h15, bon je suis dans les clous, parfait ! J’entame alors la deuxième phase confiant. Là encore c’est de la piste et la montée est linéaire, j’arrive à tenir de bonnes séquences de course (enfin de trotting) et parfois une petite marche rapide me fais tomber le cardio. Certains que j’ai posé dans la descente me reprennent, d’autres ont disparu, quand j’arrive au bout de 5km et des brouettes à la poêle à frire. La poêle à frire c’est quoi donc ? C’est juste le parking d’où partiront les navettes tout à l’heure, nous sommes à 2,3km du sommet, mon GPS m’indique 1h30 de course, mais c’est le top ça ! Je ne suis pas non plus frais comme un gardon mais bon ça va, il y a eu bien pire.
Et puis un bénévole m’inquiète… « Allez ! Le plus dur reste à faire, il faut aller là haut ! » Il me désigne le sommet de la Dent d’Orlu que les arbres nous avaient caché jusque là. Non mais c’est pas possible, il blague ? Euh non il a pas l’air. Je regarde à nouveau mon GPS il indique bien 11,7km, je demande « il y a bien 14km sur la course ? » Réponse du bénévole « oui, oui »… Dans ma tête je me dis que compte tenu qu’il a l’air vraiment loin et haut le sommet il est impossible d’y arriver en seulement 2,3km, ou alors il y a une couille dans le potage comme on dit.
En fait non, ni l’un ni l’autre, il y aura bien 2,3km pour arriver au sommet, mais avec 700m de D+. Et là dès l’entrée dans le sous bois je comprend ma douleur. La pente est raide de chez raide, et pour couronner le tout les racines et les pierres qui ornent le monotrace forment des marches parfois hautes de plus de 70cm. Mais bon je ne baisse pas les bras, j’essaie de marcher assez rapidement, parfois je stoppe reprendre mon souffle, un petit gel dans le cornet (plus pour le côté psychologique) et en avant. Les quadris commencent à bruler sévère, les mollets suivent le même chemin, et après un coup d’oeil au GPS, bah il ne capte plus, je ne peux même pas mesurer la distance parcourue, bon d’un côté pas grave au moins le moral est moins impacté. Peu avant la sortie du bois un concurrent s’arrête pour cause de crampe, je lui donne mon dernier gel et quelques conseils, l’encourage et repars.
Presque 30′ après je sors enfin du sous-bois, il me reste 1km300 environ, mais là la motivation en prend un sacré coup. Devant moi une crête longue de 500 mètres pas mal pentue, mais vu ce que je viens de m’envoyer c’est de la gnognotte, et après la crête il y a l’ascension de la dent et là visuellement ça s’apparente plus à de l’escalade. Je sais qu’en 15′ je ne serai jamais là haut et que le chrono que je m’étais fixé ne sera pas atteint. Je marque une pause histoire de rassembler le peu de force qu’il me reste (et il ne m’en reste pas beaucoup) et repars en marchant. Les appuis se font de plus en plus lourds mais le terrain étant assez stable la qualité des appuis est peu impacté. Peu à peu le pied de la montée infernale se rapproche, une file de coureurs telle une grosse chenille orne la paroi, plus je m’en rapproche et moins je fais le fier (en fait le degré de confiance en moi est même dans le négatif à ce moment là).
J’arrive enfin au pied du mûr et c’est n’est pas qu’une image, là il y a deux gendarmes à la fois pour la sécurité et puis pour stopper tous ceux qui, malheureusement sont hors délais. Et c’est parti ! Dès l’entame, mon anatomie se met à parler, les quadris et les mollets sont proches de la crampe, les ischios et les fessiers, bah, pas mieux, le monotrace est presque taillé dans la roche, la pente doit tourner entre 35 et 40% selon les endroits. J’ai beau souvent poser les mains, marquer de longs temps de pause, force est de constater que je progresse à la vitesse d’un bigorneau en rut. J’ai l’impression que le sommet s’éloigne de moi au fil de ma progression. Au bout d’un moment, même mes arrêts ne me permettent plus de récupérer, à chaque pose j’ai l’impression d’être en équilibre instable car la tête commence à ne plus suivre. J’ai même un temps la tentation de renoncer, mais non ça c’est impossible, comment être crédible avec mes athlètes après.
Je dois être à la mi-pente et là pendant un bon quart d’heure je vais entendre des concurrents qui redescendent me dire « Allez courage encore 15 minutes » alors ou le temps s’est figé sur la dent d’Orlu, ou je progresse à reculons, ou alors je n’en sais rien mais qu’est ce qu’il me tarde d’arriver. La pente se fait encore plus rugueuse et là j’aperçois Kent qui allait amorcer la descente, il m’encourage et repart devant moi pour m’amener vers l’arrivée. Je marque encore des pauses, et elles sont de plus en plus longues, le moral, de revoir Kent, est un peu remonté mais c’est le corps qui n’en veut plus. Au fait Kent il a fait 15ème scratch et m’a collé 55′.
Enfin à 20 mètres je vois les organisateurs le chrono à la main, Mes mains se rivent à la paroi, les jambes flageolent de plus en plus mais OUF ! Je passe « Enfin » l’arrivée. On m’annonce mon chrono 2h44 (98ème place), non de non j’ai mis 1h15 pour faire les 2,3km depuis la poêle à frire … Là je profite tant bien que mal du panorama, c’est juste magnifique, et puis c’est une vue qui se mérite, on entrevois Orlu tout en bas, tel un village de playmobil voir plus de Légo, les vallées sont superbes, à 2220 mètres d’altitude c’est une vue à 360° sur les vallées qui est unique et que je ne suis pas prêt d’oublier.
Peu à peu je reprend forme humaine et puis la navette ne risquant pas de venir nous prendre au sommet il faut redescendre à pied jusqu’à la poêle à frire soit les 2,3km à la marche. La descente de la dent est périlleuse, les jambes bien usées ne vont pas forcément exactement là où on aimerait qu’elles aillent et puis les marches naturelles de pierres, déjà à monter en s’accrochant ça tabassait mais alors à descendre … Dur Dur ! Il nous faudra près de 45′ pour rejoindre le lieu de départ. Bien caramélisé une navette nous redescend, chauffeur super sympa qui nous raconte l’histoire locale de la vallée. et au bout d’une bonne vingtaine de minutes nous voila rendus au point de départ.
Là ce sera un bon quart d’heure à tremper les jambes dans l’eau glacée de la rivière. S’en suivront un peu de bière et un super repas concocté par une équipe de bénévoles au top !
J’en ai vraiment bavé et le retour à Carcassonne sera long, arrivé à la maison idem je suis en mode loque humaine. Mais si je fais le bilan j’ai travaillé mes côtes, j’ai découvert un paysage sublime que je n’aurai jamais vu et rencontré une équipe d’organisateurs au top qui sont là avant tout pour faire vivre le village et faire partager leur patrimoine. Bref je recommande ! (même si j’en ai chié comme rarement)
Bon maintenant mini repos et Mercredi une petite course de nuit dans le massif de la Clape … La Clapahut ! To be Continued …
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